Asearia Manfried [en cours]

Affilié Messages : 3 Date d'inscription : 28/08/2014

A ma naissance, tu n’existais pas encore. J’étais seule avec père et mère. Je n’ai rien à dire sur leur comportement, ils m’aimaient. Prenaient soin de moi, comme si j’étais pour eux un don tombé du ciel. Je ne pouvais hélas savoir que les choses allaient prendre une tournure différente.Tu es arrivé, toi, mon frère. Tu as chamboulé en partie mon enfance. Je t’en ai longuement voulu, d’avoir prit ma place. Je n’étais plus celle qui attirait leur attention. Toi et tes braillements, toi et tes « prouesses », vous étiez beaucoup plus intéressants. Moi, je n’étais là que pour faire joli. Père et mère me disaient de m’occuper de toi, de faire attention à toi. Mais moi, qui s’occupait de moi ? Rancunière, oui, je l’ai été. Je le reconnais, je ne m’en cache pas.

Quand j’ai eu l’âge de chasser seule, il fallait toujours que tu viennes avec moi. Toujours à me suivre, partout, alors que j’avais enfin fait preuve de quelque chose que tu n’avais pas, et que tu n’as toujours pas : la nécromancie. Un art bien obscur que j’avais développé et qui a, ô combien, fait fuir nos parents. Pourtant, toi, ca te fascinait. Père et mère m’envoyait toujours faire des corvées de façon à ce que je ne sois que rarement sous le même toit qu’eux, que vous. J’étais forcément quelqu’un de mal. Toi, ca ne t’affectait pas plus que ça, et je t’en serais toujours reconnaissante.

Nous avons été attaqués. Je n’étais pas là, au moment même de l’attaque. Toi, si. Père et mère m’avait envoyés au village d’a côté pour ramener quelques provisions. Je suis revenue en courant, quand j’ai vu les voutes de fumées noires et épaisses traverser les arbres pour rejoindre le ciel. Mon cœur battait la chamade. Je me souviens m’être ruée dans les décombres calcinés de ce qui était alors chez nous. Je criais, j’hurlais. J’appelais à l’aide, au secours. Puis je t’ai vu, coincé sous du bois encore chaud. Je t’ai dégagé comme j’ai pu. Heureusement, nous étions encore jeunes, et tu ne faisais pas encore le poids que tu fais aujourd’hui . Tu n’as pas pleuré, tandis que moi oui. Tu t’es vite relevé, cherchant avec ferveur père et mère… Sans doute calcinés, eux aussi. Je ne sais par quel miracle tu as pu survivre.. Mais j’ai cessé d’y réfléchir, avec les années. Nous n’avons trouvés aucun corps.

Le seul objet que tu ai pu trouver dans les décombres, c’était la petite boite musicale de mère. Celle qu’elle nous laissait le soir, pour nous endormir. Celle dont je n’ai plus eu le droit quand à leur yeux j’étais soudainement devenue malsaine. Les gens du village ont finis par venir sur les lieux. Ils étaient au courant de ma magie. Ils ont eu, ce jour-là, une imagination débordante.. Nous ne pouvions rester. Et nous sommes donc partis. Il ne nous restait rien. Juste l’un pour l’autre. Nous avons rejoint le village le plus proche. On a travaillés les champs. Mal payés, mais en vie. Tous les soirs, je testais ma magie, et toi tu t’entrainais avec des planches de bois. Je me suis souvent moquée de toi… Je n’oserais plus à présent. Le temps est passé. Nous offrant une seconde chance. Nous permettant de mieux remplir nos bourses. De vivre, enfin, convenablement. De ne plus avoir à mendier.

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